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Névroses et décompensations d'une D4

24 janvier 2015

Ce qu'on ne nous dit pas

Personne ne nous prévient vraiment de ce qu'est la D4. Bien sûr on s'attend à devoir fournir beaucoup de boulot. Mais ce n'est pas le plus difficile. Le plus difficile dans la D4, c'est qu'après une voire deux années de concours, on pense qu'on a toute la vie devant soi. On a de nouveau une vie sociale, des loisirs, bref, une vie en dehors de médecine. En D4, tout disparaît. Il ne reste que la D4. Chaque portion de temps éveillé concerne la D4. On mange, on respire et on rêve D4. Haut les mains, on ne rigole plus. Parfois on ne dort plus. L'insouciance, la vie sociale épanouie, la confiance en l'avenir, tout ça est petit à petit englouti par la D4. On s'est habitué à de nouveau ouvrir nos pétales pour se gorger de soleil, et on nous reprend tout. Il ne reste que l'obscurité.
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3 décembre 2014

L'apprentissage de l'absence

J'ai fini par lire "nos étoiles contraires", ce livre dont jai d'abord vu les pubs pour le film, que jai choisi d'ignorer ; puis dont j'ai écouté la BO ; avant d'acheter le bouquin pour le laisser mariner des semaines avant de l'ouvrir. Je ne suis pas fan de ce livre. Les principaux protagonistes sont vifs, intelligents, courageux ; ils ont tout pour plaire, si ce n'est leur cancer ; il y a de magnifiques citations, d'autres un peu moins, et meme des références intellectuelles à des concepts que jai appris et j'avais oubliés. Mais je ne suis pas fan de ce livre. En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à être renversée par un TGV lancé à pleine vitesse, submergée par l'extase d'une révélation sur une vérité insoupçonnée. Ca n'a pas été le cas. Au fond, c'est surtout un livre sur l'apprentissage de l'absence. L'absence palpable d'une personne à part entière, avec ses rêves, ses désillusions, ses voies de communication propres ; l'absence d'un univers unique qui brusquement s'éteint et dont on ne pourra plus jamais palper l'essence. Je connaissais déjà cette vérité. Avant, quand j'étais moins avancée dans mon cursus, je me demandais pourquoi les patients me regardaient comme ils me regardent et je ne comprenais pas non plus pourquoi ils me remerciaient. D'être moi, la énième étudiante venue poser "une petite main sur leur ventre" comme je leur dis, moi la toute petite chose dans la hiérarchie de l'hôpital, moi qui finalement ai beau être en sixième de médecine, j'ai toujours l'impression d'en être à mes balbutiements. Et puis j'ai compris. Jai compris grâce à deux patients en particulier, qui ont eu le mauvais goût de mourir, et l'on pourrait ajouter avec la quintessence de l'humour noir "mais ont au moins eu le bon goût de le faire parmi une flopée d'autres". Je ne détaillerais pas leur histoire ; c'est peut être ma manière à moi de rendre hommage à la personne qu'ils étaient, et non à l'être moribonds qu'on finit par voir à leur place. Jai compris - attention prétention que dégage ce passage - qu'ils me remerciaient de les voir. Les voir vraiment, eux. Pas comme le 50eme malade d'une journée aux urgences, ni comme un enquiquineur qui vient parce qu'il ne sait pas si c'est grave, ni comme celui qui ne comprend pas sa maladie. Je crois (j'espère ?) qu'ils perçoivent que je ne vois ni en eux un être inférieur, ni une mouche qu'on a vite envie d'écarter de soi, ni en moi une sommité infaillible. Mais simplement deux êtres humains, avec leurs failles, leurs faiblesses. Et donc, à l'encontre de tout ce que de grands patrons ont voulu m'inculquer jusque là, je reste persuadée que l'important, en médecine, ce n'est pas de savoir : c'est de voir.
27 octobre 2014

Once again...

Il était une fois, 

Une nana, qui du haut de ses (18 ? 19 ? J'ai toujours eu du mal avec les dates) avait commencé un blog, un soir de P1 (PACES/PAES) tellement elle se sentait seule.

Eh bien vous savez quoi ? En D4, CA RECOMMENCE !

Une fois qu'on a passé la P1, on se dit, "ça y est, c'est fini, plus jamais ça !" * imaginer un jeune étudiant innocent qui sautille de partout, tout content de sa réussite, des rêves et des espoirs plein la tête * .

Haaaan comme il est GROS ce mensonge !!! 

* imaginer une étudiante de 6eme année qui a perdu toutes ses illusions sur le "fabuleux" monde de la médecine. Mais on en reparlera plus tard. *

 

Mais on y reviendra demain. Pour l'instant, c'est l'heure d'aller dormir. ("Dormir", en D4, c'est le mot codé pour "enfin un moment à soi". Oui oui, à ce point.)

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